Presse / Créations acte2deux
La Dame de la mer / Henrik Ibsen
Théâtre des Bouffes du Nord 2012
Presse Myra – Rémi Fort & Elizabeth Le Coënt / Myra.fr Opus 64 – Valérie Samuel / Opus64.com
Extraits de presse
Longue robe rouge, cheveux en natte, Camille joue le rôle principal de cette pièce du norvégien Ibsen : Ellida, une femme mariée hantée par son premier amour, un marin « qui l’attire et l’effraie » et revient la chercher. Elle va choisir, « de son plein gré », entre son mari (Didier Flamand) et cet « étranger » (Nicolas Martel), son ancien professeur, ses deux belles-filles, un artiste souffreteux (surprenant Nicolas Maury) vont aussi trouver leur destin. Une superbe mise en scène, signée Claude Baqué, avec reflets sur le bassin et mur d’eau, porte la pièce et son héroïne.
Thierry Dague / Le Parisien
Rendons grâce à Claude Baqué de s’être attelé à la double tâche de (re)traduire cette pièce et de la monter pour nous donner à entendre le bouillonnement intérieur de la langue d’Ibsen, son à-propos et sa pertinence qui font du personnage féminin la figure centrale de ce drame. (…) Claude Baqué emporte le spectateur jusqu’au bout de cette aventure où l’intrigue se joue les pieds dans l’eau, physiquement. Le plateau n’est rien d’autre qu’un bassin où se meuvent les personnages dans un clapotis permanent, imprimant une musicalité étrange, qui amortit les déplacements et fait résonner étrangement les voix des acteurs. On se laisse bercer par les lignes mélodiques surgies de l’eau, les passages, remarquablement chantés dans la langue d’Ibsen par Camille qui, dans sa robe de sirène carmin, incarne le personnage encore de manière inégale mais qui ne laisse personne indifférent tant elle fait de sa fragilité un atout. Matthieu Ferry a imaginé une scénographie et des lumières qui épousent à la perfection les mouvements des voix et des corps, propulsant le spectateur dans un ailleurs, dessinant une cartographie imaginaire des sentiments plus que séduisante. La direction d’acteurs ne cède en rien à la facilité, chacun restant sur le fil d’une parole murmurée, retenue. (…) Ce qui est magnifique chez Ibsen, c’est la capacité de ses personnages à parler vrai, à refuser les mensonges et les compromis. Nous ne sommes pas dans le grand déballage ni la foire fouille des sentiments mais dans le questionnement de la nature même de ces sentiments. Une espèce de droiture étonnante qui dit les maux sans violence, qui avance sans faux-semblants. Et la modernité d’Ibsen n’en est que plus éclatante?: le combat de son héroïne consiste à gagner sa liberté. Une liberté nécessaire pour, alors, choisir?: rester ou partir, rejoindre son ancien amant ou retrouver son mari. La Nora de La Maison de poupée choisit de partir?; son Ellida, ici, choisit de rester. Mais en toute conscience. Et cette fin, qui pourrait être contestée à maints égards, est tout simplement magnifique, hissant le personnage au rang d’héroïne des tragédies grecques.
Marie-José Sirach / L’Humanité
Dans sa robe rouge sombre, puis orangée, elle arpente l’eau salée, s’arrête les bras levés, puis entonne un drôle de chant nordique… Camille joue les sirènes et les marins d’eau douce du public des Bouffes du Nord sont hypnotisés. Jolie idée que de confier le rôle d’Ellida, la « Dame de la mer » d’Ibsen » à la chanteuse aventurière. Avec finesse, elle remplit les mystères et les non-dits du texte de ses courts intermèdes cuivrés (deux cors et un tuba) ou chantés. Pare la prose d’Ibsen de jolies écharpes musicales.
Philippe Chevilley / Les Échos
Ce spectacle réussi tresse douceur et angoisse, charme comme une marée émotionnelle. Classique et sobre, la mise en scène de Claude Baqué puise son éclat dans un décor sombre mais enluminé d’ondes, de reflets aquatiques et d’envolées musicales qui sont évidemment portées par la voix de Camile et joliment enlacées à deux cors et un tuba.
Alexis Campion / Le JDD
L’attachante chanteuse de « ta douleur » fait ses débuts de sirène au théâtre, sertie dans une mise en scène d’une grande beauté visuelle. (…) Claude Debussy aurait pu mettre en musique cette « Dame de la mer » du moins telle que montée par Claude Baqué dans une superbe atmosphère de songe. Au sol : de l’eau noire, où marchent les personnages ; au fond, un ciel de nuages ; et un rideau de pluie, soudain, derrière lequel apparaît un marin étranger. La musique ? Camille la signe, avec cors et tuba, échos lointains. Et elle joue Ellida, telle une fine sirène égarée sur terre. Jolie silhouette, soulignée par une longue robe rouge, toute simple. Gestuelle étrange, sans aucun naturalisme, bras tendus vers le ciel, belle présence, ferme et gracieuse. (…) Visuellement, le spectacle est très beau. Claude Baqué sait colorer certaines scènes d’une acide tonalité de comédie. Un instant magnifique, et soudain on pense à Edvard Münch, puisqu’il s’agit d’un long cri, profond, superbe, de Camille/Ellida.
Odile Quirot / Le Nouvel Observateur
Comme souvent chez Ibsen, le passé remonte par touches successives, comme des vagues. Face à Didier Flamand (Wangel), la chanteuse Camille interprète cette héroïne envoûtée avec une retenue toute simple. Droite, souvent immobile, elle semble flotter à la lisière de deux mondes. Parfois elle chante d’une voix qui ajoute encore à l’étrangeté du personnage. La mise en scène de Claude Baqué installe une atmosphère oppressante où percent des lueurs enjouées ; comme un ciel nuageux troué d’éclaircies, présage d’une libération possible.
Hugues Le Tanneur / Les Inrockuptibles
L’eau sur scène créée une sorte d’isolement des personnages dont on ressent profondément les insatisfactions et angoisses à voir leurs rêves leur échapper. C’est beau, émouvant et on se laisse porter grâce aux comédiens. A noter l’interprétation remarquable de Marion Bottollier dans le rôle de Bolette.
Hélène Chevrier / Théâtrales Magazine
Sous la voûte scénique des Bouffes du Nord, écrin sublime propice à toutes les rêveries, le metteur en scène Claude Baqué a dirigé ses comédiens les pieds dans l’eau. Comme si cette mer qui aimante Ellida venait se répandre jusque dans l’intimité de sa demeure. Ce tapis d’eau qui fait danser les lumières sur les murs du théâtre et réverbère les voix, crée une atmosphère visuelle et une ambiance sonore presque irréelle, contrastant avec les dialogues naturalistes de la pièce. Seul inconvénient, le son se perd un peu et certains mots s’évaporent sans que l’on puisse les capter. Mais c’est esthétiquement sublime et Claude Baqué évite ainsi le décor d’intérieur bourgeois plombant et redondant souvent utilisé dans les mises en scène d’Ibsen. Dans cette scénographie épurée et onirique où chaque élément (décor, lumières, costumes) s’assemble pour composer une succession de tableaux symbolistes, la pièce libère toute son aura poétique et sa dimension de fable. Les parenthèses de chant (que ce soit à capella, soutenu par trois cuivres ou par l’eau qui devient instrument de percussion), en norvégien (langue maternelle de l’auteur), se distillent au compte-goutte, jamais intrusives ou en surcharge. La voix de Camille y est d’une clarté inouïe, cristalline et profonde, d’une texture qui semble marier le ciel et la mer. Unique. Quant au reste de la distribution, comme si les mélopées de la dame de la mer irriguaient leur être, leur phrasé se fait mélodique et rythmique. Musical. Mention spéciale à Nicolas Maury, en équilibre subtil entre comique et tragique, et à Nicolas Martel, apparition charnelle et fantomatique. « La Dame de la mer » est une pièce au scénario saisissant par ses motifs, ses enjeux, sa chute renversante. Claude Baqué en fait un spectacle dense et précis, à l’étrangeté envoûtante. Magnifique.
Marie Plantin / Pariscope
La belle idée de Claude Baqué qui signe la mise en scène et la nouvelle traduction de la pièce est d’avoir demandé à la chanteuse Camille d’incarner le rôle d’Ellida pour faire ainsi en sorte que son personnage demeure à jamais insoluble au milieu de sa belle troupe d’acteurs. Ibsen fait ici s’entrechoquer deux mondes, celui du conte fantastique et celui du drame bourgeois réaliste. Mais on laissera au spectateur la joie de découvrir lequel des deux univers sort vainqueur de l’épreuve. Ainsi les chants chamaniques interprétés par Camille ne vont-ils cesser de perturber la quiétude de cette maisonnée où nul n’ose se confronter à la folie de vivre. Climax de ce bras de fer entre la bienséance bourgeoise et le désir d’onirisme : le retour de l’amant terrible, un moment d’exception où la mer entière semble envahir les murs du théâtre des Bouffes du Nord pour tenter, en se retirant, d’emporter la belle Ellida vers le grand large. La découverte d’une pièce rare d’Ibsen et d’une Camille impériale en égérie tourmentée aussi irrésistiblement belle que folle à lier.
Patrick Sourd / Even.fr
Épaulé par le scénographe Matthieu Ferry, Claude Baqué a mis en place un univers où l’eau est omniprésente. Elle recouvre le plateau, accompagne de son clapotis chaque déplacement des comédiens et reflète implacablement tous leurs tourments. Elle s’infiltre, remonte le long des costumes, comme si elle absorbait les personnages, les alourdissait lentement pour mieux les avaler. Vient s’y ajouter, lors des apparitions de l’étranger un rideau de pluie : il émerge de l’eau tempête, semblant appartenir corps et âme à cet élément. C’est grand, beau, impressionnant.
Delphine Kilhoffer. Rhinoceros.eu
Question scénographie, Mathieu Ferry a vu les choses en grand. Au sol, un immense bac d’eau noir pour la scène, qui fait écho à un immense fond blanc sur lequel l’eau vient parfois se refléter, agrémentés d’un brouillard intermittent. Pour seuls éléments de décors, une table basse et des bancs en bois, portés par les comédiens au début et retirés à la fin, pour laisser la place uniquement à cette fameuse décision finale la disparition du marin, dans le néant de la mer. D’ailleurs, celui-ci apparaît et disparaît de la même façon, sous une cascade surprenante d’eau, représentant les flots de la mer. Le noir et blanc est à l’honneur. Comme annonçant par avance toute la douleur du choix. Ou pour placer l’héroïne entre la vie et la mort, entre la prison et la liberté. Tous les personnages arborent ces couleurs sauf Ellida, teintée du rouge de la vie et du sang, et le sculpteur malade, en jaune couleur de la maladie et de l’arlequin, car il est celui qui teint d’humour ce drame. En fond, les sons dissonants et sombres des cors plongent nos oreilles dans la tragédie en marche, aidés par la très bonne accoustique offerte par le lieu. D’ailleurs, tout semble sombre, même les lumières, qui se concentrent parfois sur Ellida, alias Camille, redevenue chanteuse, lorsqu’elle envahit l’air de sa douce voix aux modulations aériennes et maîtrisées, en norvégien, accompagnée par les cuivres, qui apparaissent, un temps, sur scène. Ce sont d’ailleurs ces moments épars dans le spectacle qui sont, à mon sens, les plus poétiques, les plus beaux, et qui forment un bel hommage à cette magnifique oeuvre d’Ibsen.
Rachelle Dhéry / Un Fauteuil pour l’orchestre.com
Marion Bottollier (Bolette) est délicieuse de grâce et d’ambition souriante et têtue. Ophélie Clavie (Hild) incarne la jeunesse effrontée. Nicolas Struve est excellent dans le rôle inattendu de l’amoureux, maladroit aux jeux de la séduction mais doué dans l’art de convaincre. Quant à Nicolas Maury, il est très drôle en sculpteur éthéré en quête de création, malheureuse proie des moqueries de Hilde.
Corinne Denailles / Webthea.com
La mise en scène de Claude Baque à qui l’on doit aussi la traduction, puise son originalité dans une scénographie inattendue, un dispositif aquatique qui était peut-être une bonne idée mais qui freine considérablement les comédiens dans leurs déplacements et finit par nuire à une fluidité de l’ensemble. La présentation est contrastée et multiplie les ruptures de ton bienvenues, que l’on doit au jeu inspiré de certains comédiens, à des fulgurances adroitement décalées, comme la scène de la demande en mariage à Bolette par le professeur Amholm, à la présence nonchalante et irrésistible de Nicolas Maury dans le rôle de l’aspirant artiste, Lyngstrand.
Francis Dubois / Snes.edu
Superbe. La saison culturelle dinannaise avait pris le risque de programmer l’adaptation de la pièce d’Ibsen. Tout concourt à magnifier cette « Dame de la mer », écrite à la fin du XIX e siècle, aux prémisses des bouleversements de la condition des femmes. Les comédiens y sont excellents, Marion Bottolier joue divinement Bolette. Camille a quitté, pour un temps, ses concerts pour ses premiers pas au théâtre. Quand elle psalmodie des complaintes nordiques, on est chamboulé. Un bravo tout particulier aux éclairagistes qui ont réussi la prouesse de reproduire sur scène les lumières blafardes des jours sans fin de la Norvège.
Ouest-France
Proposer le rôle d’Ellida à la chanteuse Camille est la première audace de Claude Baqué : pour interpréter le rôle de “La dame de la mer” de Henrik Ibsen, le metteur en scène a pensé à cette artiste qui alterne chant et texte, avec beaucoup de conviction. La voix de la chanteuse est captivante et singulière, les chants en norvégien d’une beauté unique. La seconde audace du spectacle est sa scénographie : les comédiens jouent dans un bassin d’eau ! Le travail de Mathieu Ferry à la lumière et à la mise en espace est vraiment en harmonie avec ce texte puissant, néanmoins accessible et non dénué d’humour. « Ellida vient du peuple de la mer… Il y a un ondoiement de leurs pensées et de leurs sentiments », explique le mari d’Ellida pour évoquer les fantômes qui la hantent. La langue d’Ibsen convoque les éléments ; il est question de tempête d’équinoxe, de fjords, d’étang aux carpes ou de soleil de minuit… Chaque comédien joue juste, mettant particulièrement en valeur le beau texte. Du théâtre exigeant qui ne laisse pas indifférent, d’autant que les thèmes chers à Ibsen gardent une modernité étonnante.
Le Dauphiné Libéré
Eaux dormantes / Lars Norén
L ‘Athénée Théâtre Louis-Jouvet / 2007
Presse / Zef – Isabelle Muraour / Zef-bureau
Extraits de presse
« Avec Eaux dormantes, nous sommes ailleurs, de l’autre côté du miroir, et ne savons plus trop si les personnages réunis pour un dîner que l’on ne verra jamais sont passés de vie à trépas. Avec un très subtil doigté, Claude Baqué nous laisse dans l’incertitude. Les comédiens (étonnante et superbe distribution) jouent de tous les registres, passent imperceptiblement de l’un à l’autre. Avons-nous affaire à des morts, à des survivants ? S’ils sont des rescapés (tous sont enfants ou amis proches de déportés), après Auschwitz, après le World Trade Center, ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. C’est cela que Claude Baqué parvient à nous faire ressentir. »
Jean-Pierre Han, Témoignage Chrétien – 29 mars 2007
« Vertige. De digressions sur les voyages des uns et des autres en notations sur la musique de Bill Evans, le septuor d’acteurs, conduits par Claude Baqué, accomplit la prouesse de faire flotter ce vertige voulu entre ici et le territoire des ombres. »
Mathilde La Bardonnie, Libération – 4 juin 2007
« Sept contre l’évidence. Sept embarqués dans un étouffant huis-clos. Norén a lu ses classiques mais, chez lui, l’enfer n’est pas toujours les autres, l’enfer, c’est soi-même… et l’héritage de l’histoire. Ici, ce qui tient lieu d’armature dramatique, c’est la Shoah. Claude Baqué, qui met en scène la pièce, connaît très bien le monde sensible de Lars Norén. »
Armelle Héliot, Le Figaro – 12 juin 2007
« C’est là un partition troublante, poignante en creux, jouée par des comédiens à la présence convaincante laissant percevoir une direction d’acteur sinueuse. Dans ce moment de théâtre exigeant, soulignons encore la façon essentielle dont le décor et la lumière, dus à Matthieu Ferry, agissent en accord avec une mise en scène sobre. »
Aude Brédy, L’Humanité – 10 avril 2007
« Encore une fois, Lars Norén surprend et frappe fort. Il gomme la frontière entre les mondes vivants et celui des morts pour marteler les grands questionnements du temps présent : l’identité, la responsabilité, la mémoire. Il y a la perte du désir, il y a l’obsession et l’impossibilité de se souvenir, la persistance de l’abomination de l’holocauste. Le langage déborde, laisse affleurer les béances, les fractures intimes. Claude Baqué installe ce monde des ombres dans un no man’s land intemporel. »
Annie Chenieux, Le Journal du Dimanche – 30 mai 2007
« La mise en scène de Claude Baqué, comme ses précédentes, est d’une remarquable précision et la direction d’acteurs a été menée au plus serré. »
Philippe du Vignal – les Lettres Françaises – mai 20007
« Ces Eaux dormantes du suédois Lars Norén envoûtent véritablement le spectateur, tant par le fond que par la forme. Une distribution éblouissante d’abord, avec Michel Hermon et Serge Maggiani en particulier, ensuite une mise en scène lumineuse de Claude Baqué pour ces ténèbres nordiques venues d’un autre monde… »
Yonnel Liégeois , La Nouvelle Vie Ouvrière – mai 2007
« L’étrangeté de ce spectacle rend captif, captive le spectateur. Le libère dans sa faculté de rêve et d’intelligence. »
Jean Grapin, Impact Médecine – 31 mai 2007
« Claude Baqué a adapté et mis en scène cette pièce longue à la construction complexe avec souplesse et talent, car les mouvements des personnages sont rares.
Jacques Portes – Historiens et Géographes – mai 2007
« (…) Dans ce magistral huis-clos, Lars Norén enclenche le processus de la perte qu’il décline sous toutes ses formes. Perte de la mémoire, de l’identité, des rêves, de la vie… Pour appuyer le texte écrit au cordeau, Claude Baqué a opté pour une mise en scène épurée, d’un esthétisme glaçant. Les décors et costumes reflètent le noir des douleurs si difficilement dicibles. Un remarquable travail. »
Dimitri Denorme, Pariscope – mai 2007
« La mise en scène de Claude Baqué est allé dans le sens de l’abstraction et de la distanciation qui donnent au texte une résonance terrible et angoissante que la prestation hors pair des comédiens rend tangible. »
Martine Piazzon, Froggy’s Delight – 12 juin 2007
«… “Depuis que le genre humain est ce qu’il est, la barbarie est pérenne et n’a pas reculé d’un iota. Mais, par moments, ça et là, elle sommeille, elle germe, dans des eaux dormantes. En l’occurrence, on assiste à un dîner d’amis civilisés: psychiatre, avocats, journalistes, sensés se raconter leurs dernières vacances. Ils sont juifs et goys, parents ou proches de victimes du nazisme au siècle dernier. Entre amnésie et mémoire, entre absence et identité, entre anecdote et obsession, circulent, dans les Eaux dormantes les rhizomes de la cruauté humaine et de sa vanité universelle. Aucun auteur, à ce jour, n’est allé aussi loin que Lars Norén dans l’exploitation du labyrinthe à miroir qu’est l’âme humaine. Pour y mener le spectateur, il faut un metteur en scène à la hauteur, spécialement dans la direction des interprètes. C’est le cas avec Claude Baqué à Cergy-Pontoise. »
Jean-Marc Stricker, France-Musique – 10 mars 2007
Entre courir et voler / Jacques Gamblin
La Comète Scène Nationale de Châlons en Champagne 2004
Théâtre de Saint-Quentin en Yvelines 2004
Extraits de presse
L’Échappée belle de Jacques Gamblin. « Je ne savais plus si j’étais encore né ou si j’étais déjà mort ». S’il fallait retenir une phrase de la pièce adaptée de son livre, Entre courir et voler il n’y a qu’un pas papa, que Jacques Gamblin joue jusqu’au 8 février au Théâtre de Saint Quentin-en-Yvelines, ce serait peut-être celle-là. Parce qu’entre la naissance et la mort, il y a la vie, c’est sûr. Cette vie que le personnage de Jacques tente de rattraper, à moins qu’il ne la fuie parce qu’il en a peur. Jacques ne sait plus très bien pourquoi il est. Alors il court, éperdument, sur la bande d’arrêt d’urgence où il a abandonné sa voiture. Et on le suit, dans ce monologue effréné, très joliment mis en scène par Claude Baqué. Une mise ne scène sobre, dépouillée, avec juste ce qu’il faut de décor, de bande-son, de projection vidéo. Intervenant par touches, accompagnant les courbes du texte. Comme les virgules que Jacques Gamblin injecte dans un monologue qui aborde des sujets graves, avec légèreté, et beaucoup de délicatesse.
Philippe Lançon / LIBÉRATION
L’élan Gamblin. La beauté de Jacques Gamblin n’est dépourvue ni d’hésitation ni de fragilité. Elle s’appuie même sur l’une et l’autre, c’est un muscle qui vacille. Son nouveau et second spectacle met en scène, comme le précédent, un homme qui se raconte, ou plutôt s’ébauche, à travers son corps en action. ?Dans Le Toucher de la hanche, écrit en 1997, il était danseur. Cette fois, il est marathonien. Toujours seul sur scène, il dégurgite comme un adolescent gracieux et gêné ce texte assez autobiographique. Il le dit sur une «quatre voies» de traviole, ondulant comme sous l’effet d’un alcool ou d’un tremblement de terre. L’existence a de ces dos-d’âne et Gamblin a quelques raisons d’être perturbé : sa fille naît, son père meurt. Entre les deux, il court, il court, du kilomètre 271 au kilomètre 313. Un marathon vers la Normandie natale qui n’achève ni ses chevaux ni ses rêves, mais les perturbe de manière sensible et subtile. Aérien. Tout commence par l’histoire d’un homme qui trouve que sa voiture porte à droite. Il est le seul. Ni le garagiste ni sa femme ni ses amis, n’éprouvent la même chose que lui. Il est comme le personnage d’un roman d’Emmanuel Carrère, qui croit s’être rasé la moustache, mais s’aperçoit que personne autour de lui ne l’a jamais vu avec. La comparaison s’arrête là. L’homme à la moustache s’enlisait dans un malaise ne pouvant ouvrir que sur la folie et la mort. L’homme de Gamblin est plus aérien, presque naïf. Sa faiblesse face aux bouleversements intimes le saoule de perceptions. Il court seul sur la route dans la nuit. Il devient violent avec ceux qui le contrarient. Il ne sait plus vraiment quel est le sens de la course. Mais, finalement, il s’en sort : la grâce est la plus forte. Nuages de mots. Jacques Gamblin ne dit pas son texte : il le lâche en riant, en pouffant, en soufflant, comme si les mots intimidaient son existence. Le décor d’une route qui déraille est bien utilisé. L’acteur s’allonge sur les ondulations. Il s’installe dans un trou au sommet d’un mamelon. Il fait reposer son corps sur un seul bras, le long d’une pente. Il se dénude peu à peu, tous muscles dehors, comme pour renaître en compagnie du vivant (sa fille) et du mort (son père). Le texte n’est pas linéaire mais brossé, guidé et haché par les impressions, les souvenirs, les angoisses. Le corps est traversé par ces nuages de mots, sans autre logique que celle du coeur. Il ne faut pas chercher à tout saisir, à tout mettre en ordre. Simplement suivre l’homme en spectacle dans ses détours et jusque dans ses ratés. La beauté est imparfaite, Gamblin aussi, tant mieux.
Armelle Héliot / LE FIGARO
Il n’est que légèreté, envol. Il n’est que grâce, allant. Il a le délié nerveux des athlètes. Il court, il file (…). C’est saisissant, Jacques Gamblin auteur et acteur est un enfant de Raymond Devos. C’est la même poésie, la même humeur de jongleur, la même époustouflante virtuosité (…). C’est fluide et enlevé, moiré. Un enchantement, de cocasserie à profonde émotion, de rire franc à sourire, et jusqu’aux larmes tant il y a dans ce Gamblin des ferments de chagrin qui n’interdisent pas la joie pourtant… On aimerait demeurer longtemps encore avec lui. On devine les rayons du soleil…
Aude Brédy / L’HUMANITÉ
Des kilomètres avant l’âge d’homme Trop-plein. Dans Entre courir et voler il n’y a qu’un pas papa, Jacques Gamblin nous touche avec son texte, où l’acte de courir évince l’angoisse. Quand il ne descend pas en courant les gradins jusqu’à la scène, une route artificielle, bitume, bosses et bandes blanches, Jacques Gamblin raconte ses heures passées à courir. Une course compulsive, de fond. Entêtant est ce besoin de courir et, tout autant, celui de comprendre pourquoi.?Le spectacle Entre courir et voler il n’y a qu’un pas papa est d’abord un roman révélant une sensualité intuitive du langage. Et une cocasserie jumelée à l’angoisse. L’auteur-comédien y avance un peu au fil de la plume. Ses mots, loin de la phrase classique, courent eux aussi comme pour laisser de la page aux suivants. « Courir comme on pense », lit-on.
Agnès Santi / LA TERRASSE
La course de la vie racontée par Jacques Gamblin, un régal ! Voilà un homme jeté dans la course de la vie, une quête mêlée de joies et de douleurs, de vie et de mort, un élan éperdu profondément habité et porté par les êtres aimés. Le père, qui parle très peu, la femme, prête à accoucher, et l’enfant à naître. Le texte écrit et interprété par Jacques Gamblin montre le corps et l’esprit en mouvement, sur un ruban d’asphalte factice astucieusement bosselé. Par monts et par vaux, sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute, l’homme né près des dunes et de l’herbe grasse qu’on imagine normandes court. Entre chien et loup, il raconte sa vie, et même la vie tout court, entre tendres fulgurances, rancoeurs passagères et acceptations fondamentales – par exemple la volonté d’être père. Il nous dit d’ailleurs que 8700 femmes accouchent toutes les heures sur terre, ce qui est peut-être vrai.
13435 heures assis à écouter les maîtres et les professeurs. Les questions fusent, les réponses se bousculent, et le jeu inventif de l’acteur traduit à merveille comment les nouvelles du monde rebondissent sur l’homme, depuis les rendez-vous ratés de l’enfance, jusqu’au désir de réussir et de maîtriser les lignes qu’il doit franchir. Il a passé 13435 heures assis à écouter les maîtres et les professeurs (« peut mieux faire » , résume-t-il sobrement). Le spectacle parle à tous les publics, mais ne sombre jamais dans la guimauve ou les clichés. Car l’athlète en lice sait faire surgir des bribes de poésie et de rêve au cœur du réel, il a du souffle, du rythme et du répondant. Qui dit course pense aussi début et fin, mais le bonheur ou plus simplement la finalité de l’action se confond ici avec la maîtrise de soi et la richesse de l’imaginaire, avec l’effort même du coureur qui est la véritable raison de la course. Comme un rite initiatique joyeux pour masquer la noirceur du monde, pour dépasser ses peurs et accepter de vivre au mieux, malgré les proches qui sont partis.
Armelle Héliot / LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN
Un enfant de haut vol Il est unique. Il écrit comme il respire, il joue comme il court. Un athlète. Un affectif. Un ultra-sensible. Jamais sans doute il n’avait donné au public le plus large autant de preuves de la force de sa personnalité et de l’audace de ses propositions.?ICI, dans ces colonnes, on le disait depuis longtemps. Alors on est content : Jacques Gamblin est un enfant de haut vol. On pense, et on ne craint pas de l’écrire, qu’il est un rejeton de Raymond Devos. On prend cette évidence de plein fouet en découvrant et le texte, et l’interprétation, et la mise en scène. (…) Dans un décor de route bitumée (Alain Burkarth), avec ses signalisations au sol, Jacques Gamblin va son texte avec la fraîcheur d’un innocent qui raconterait ses aventures sans prendre la mesure de leur démesure… On le suivrait au bout du monde ce personnage un peu paumé, cet ahuri, ce désarmé-désarmant. Et l’on suit Jacques Gamblin, fin, délié, nerveux, un être tout en haute souplesse, en muscles longs, en charme. Ses radieux sourires, son élégance, la précision de son interprétation musicale, au soupir près.?On ne parle pas du fond. ?On vous laisse découvrir ce très original poète du quotidien qu’est Jacques Gamblin. Sa capacité de faire du plus prosaïque, quelque chose qui flambe et nous transfigure. A la fin, sous la couverture de survie fine comme du papier à chocolat et dorée comme les rayons du soleil qu’il contemple, vieux sage, vieil indien, on n’a qu’une envie. Rester là, ne pas rompre le charme.
Anatole / Arthur Schnitzler
L ‘Athénée Théâtre Louis-Jouvet / 2003
Presse / Zef – Isabelle Muraour / Zef-bureau
Extraits de presse
« Une intelligence féroce, désespérée, mène cette plongée dans les désaccords inguérissables de l’amour et du sexe, ce voyage au bout de nos nuits, où les femmes sont finalement meilleures que les hommes. Le spectacle de Claude Baqué épouse cette intelligence avec une joie théâtrale exceptionnelle. De cette grande soirée, on sort saisi par un bonheur noir. »
Gilles Costaz, Politis – septembre 2003
« Commençons par l’essentiel : ce spectacle est un régal de tous les instants. La pièce parle de l’inconscient, le fait consister plutôt et, sans aucun souci pédagogique, décrit de façon aérienne et enjouée, un peu triste parfois (il y a du Ibsen chez Schnitzler mais aussi du Tchekhov), la malédiction de l’hystérie et de la compulsion de répétition. Anatole (Carlo Brandt, parfait) aime les femmes, les filles des faubourgs, les bourgeoises mariées, les élégantes ou les danseuses de cabaret. Évidemment, il s’ingénie à tout faire échouer pour mieux jouir de son malheur, éternelle stratégie du névrosé. »
Hervé de Saint Hilaire, Le Figaro – septembre 2008
« Ce fut sa première œuvre dramatique, publiée en 1892. Un ensemble, déjà, de petites scènes, comme « Le Ronde ». Claude Baqué, qui les a traduites et qui les met en scène, dans un décor très sobre, presque nu, en conserve la référence fin de siècle, via les costumes, en cisèle la langue, superbe, raffinée, en ralentit un peu, juste assez, le rythme, pour qu’une distanciation un rien mélancolique puisse s’installer. Et dirige un éblouissant trio de comédiens qui donnent à cet ensemble sans autre lien apparent qu’une atmosphère, celle du désir, et qu’une même vérité, celle de la difficulté d’aimer, une élégance un peu désuète étrangement fascinante. Une soirée au charme rare, un peu exigeant, dont on se souviendra comme d’une belle chose. »
Annie Coppermann, Les Échos – 25 septembre 2003
« Claude Baqué, qui a traduit la pièce, la met en scène dans un décor dépouillé et une atmosphère élégante, un brin désuète. À l’affiche, un trio d’excellents comédiens. Jacques Denis, l’ami fidèle ; sage, souvent moqueur. Carlo Brandt, que l’on n’attend pas dans ce rôle d’homme blessé, perturbé, et Zabou Breitman. Dans de ravissants costumes, elle est radieuse, mutine, enjôleuse et jalouse, pleine de charme. Mêlant mystère et séduction, chacune de ses apparitions est un vrai bonheur.
Arlette Frazer – le « choix » de Pariscope – 8 octobre 2003
« Avec cet Anatole, Claude Baqué nous donne un spectacle jubilatoire. Appuyée sur un décor épuré et des costumes élégants, sa mise en scène braque une lumière subtile sur la mécanique cruelle de Schnitzler. »
Vincent Philippe – 24 heures Lausanne – 21 octobre 2009
« Le décor, obscur et sobre, rejette l’anecdote au profit du « théâtre mental », mais les costumes ancrent la pièce dans son espace-temps, juste tension entre l’universalité d’une parole sur le désir et les déterminations culturelles du moment. Au final, une proposition théâtrale brillante. »
Pierre David – Réforme – 2 octobre 2003
« L’inconscient, le jeu subtil entre les illusions et la vérité, le reflet des images intérieures jouent un rôle considérable. Le décor tout en sobres reflets de Matthieu Ferry, qui signe aussi les très belles lumières, participe de cette volonté d’aller au-delà du miroir, au-delà des typologies faciles… Une très belle pièce, où les faux-semblants, l’hypocrisie, la jalousie et l’amour-propre montrent tout ce dont ils sont capables pour compliquer la quête du bonheur. Dans Vienne brillante mais déjà aux portes d’un autre monde. »
Agnès Santi – La Terrasse – octobre 2009
« Zabou Breitman est à elle seule un orchestre de musique de chambre. Demi-mondaine ou mondaine entière, file de joie devenue profonde, acrobate, danseuse, femme adultère, russe envahissante, chaque fois, cette comédienne exceptionnelle construit un être complet, complexe, avec ses doutes, ses contradictions, ses stratégies, ses douleurs, ses non-dits. Et, pour conclure, une bouleversante sagesse féminine, en avance sur son temps, et sur le nôtre, encore. »
Jean-Marc Striker – France-Inter – 21 septembre 2008
« Belle scénographie de Matthieu Ferry, dont chaque changement de tableau évoque un cadre de Klimt, atmosphère fin de siècle, cet Anatole, rarement joué, vaut par son élégance mélancolique. »
Annie Chenieux – Le Journal du Dimanche – 28 septembre 2003
« Filant les traces d’une ronde de personnages pris dans un entrelacs d’imbroglios sentimentaux, Anatole fait constamment émerger le léger tremblement des choses et des êtres, les troubles d’une impossible union du féminin et du masculin. Claude Baqué capte ce bouillonnement de vie à la volée de scènes superbement agencées : avec un sens remarquable des temps et des contretemps et de l’agencement dramatique, le metteur en scène nous fait découvrir peu à peu l’écheveau des désirs, des doutes qui les unissent, de petites trahisons et manipulations qui les désunissent. Grandes qualités esthétiques (lumière et décor de Matthieu Ferry), aphorismes caustiques, texte brillant sculpté à l’ébauchoir : le spectacle appelle tous nos bis. »
Myriem Hajoui – A nous Paris – 27 octobre 2003
Septembre blanc / Neil LaBute
L ‘Athénée Théâtre Louis-Jouvet 2003
Presse / Zef – Isabelle Muraour / Zef-bureau
Extraits de presse
« 12 septembre 2007. La poussière des tours anéanties n’est pas encore retombée sur New-York. Le ciel est blanc. L’air irrespirable. Ben pousse un profond soupir de soulagement. Il aurait dû se trouver au World Trade Center à l’heure fatidique. Heureusement qu’il trompe sa femme avec une collègue de bureau ! Il n’a pas remis les pieds chez lui depuis. Ni au boulot. (…) Du contraste entre l’énormité de la catastrophe et le calcul des survivants, le jeune dramaturge américain Neil Labute tire un comique cinglant. Sans quitter leurs fauteuils club, Xavier Gallais et Simona Maïcanescu, dirigés avec subtilité par Claude Baqué, confèrent à l’affrontement des amants une telle cruauté qu’on en oublie l’étroitesse de la scène. On sort de ce duel à mort ébloui et sonné. »
Jacques Nerson – Le Nouvel observateur – 24 avril 2003
« Ce n’est pas une pièce historique, encore moins sociologique. Dans Septembre blanc, de l’américain Neil LaBute, la tragédie du 11 septembre 2001 agit comme un révélateur. Décapant. Terrifiant. (…) Les mots, crus et cruels, claquent. Xavier Gallais et Simona Maïcanescu se livrent une joute verbale vertigineuse, qui conduit le spectateur dans une réflexion dérangeante. Au plus profond du sentiment de lâcheté. »
Bruno Bouvet – La Croix – 26 avril 2003
« C’est le dernier auteur (et cinéaste) à la mode aux Etats-Unis. Un homme, une femme. La veille, le 11 septembre 2001, New York a connu l’apocalypse. Dictée par l’effroi, la pièce révèle avec force (et un brin de complaisance) la blessure, l’orgueil blessé, les fascinations et la veulerie d’une certaine Amérique. A déconseiller si vous êtes un peu déprimé, mais on ne peut que saluer le travail des comédiens: ils s’impliquent, ils se mouillent. On les sent, on les touche presque. »
Frédéric Ferney – Le Point – 2 mai 2003
« Dans de grands fauteuils club, quelques images brouillées projetées parfois derrière eux, les protagonistes doivent se soumettre à ces échanges totalement artificiels (traduction de Bernard Hœpffner) qui sont au cœur de la pièce. Simona Maïcanescu, volontairement sèche et raisonneuse, terrible, comme le veut Neil Labute, ne manque pas de cran : c’est délicat de jouer un personnage qui n’est pas fondamentalement sympathique ! La comédienne est excellente et assez drôle. Face à elle, Xavier Gallais, dans le va-et-vient de l’inconstance plus que de la panique, donne aussi une image courageuse d’un type auquel on a bien du mal à s’intéresser vraiment. Claude Baqué, qui signe la mise en scène, s’appuie d’abord sur la présence des deux interprètes qui sont de très bons comédiens. Mais LaBute est trop méchant, trop négatif. On ne croit pas à cet échange. Il n’a aucune compassion pour ses personnages, il est difficile d’avoir pour eux la moindre empathie. »
Armelle Héliot – Le Figaro – 21 avril 2003
« 12 septembre 2001. Si Ben n’avait l’habitude de retrouver sa maîtresse aux heures de bureau, son corps serait actuellement enfoui sous les décombres du World Trade Center. Et l’on blâme l’adultère ! Depuis hier, son téléphone mobile n’arrête pas de sonner. Surtout ne pas répondre. Bientôt son nom figurera sur la liste des disparus et, tandis que sa famille honorera sa mémoire, il ira refaire sa vie au Mexique ou ailleurs en toute sécurité… La noirceur de Bash avait épouvanté certains spectateurs. Quelle sera leur réaction face aux sarcasmes et imprécations de Septembre blanc, du même Neil Labute ? Ce jeune auteur américain a la chance d’être servi ici par deux acteurs exceptionnels, Xavier Gallais et Simona Malcanescu, dont l’affrontement est savamment arbitré par Claude Baqué. Ça, c’est de la boxe!
Jacques Nerson – Valeurs actuelles – 2 mai 2003
« Ce que j’apprécie chez toi, c’est cet attachement obstiné à n’être qu’un foireux », déclare Abby à son amant, sur la scène de l’Athénée. Dans un langage ironique et cinglant, Septembre blanc mêle la tragédie d’une nation à celle, plus intime, d’un couple. Vissés dans leurs fauteuils Clubs, les deux comédiens Simona Maïcanescu et Xavier Gallais sont remarquables de justesse. Leurs scène de ménage transmet à merveille l’atmosphère pesant de ce jour fatal. »
Céline Jacq – 20 Minutes – 24 avril 2003
« Claude Baqué, qui suit un fil contemporain de Koltès à Arrnando Llamas, de François Bon à Lars Norén, a su repérer ce texte dont l’écriture est passionnante de vérité. »
Mari-Mai CORBEL – Mouvement.net – 17 avril 2003
« La mise en scène de Claude Baqué est sobre, mais accentue par sa réserve la force de la joute dialectique. Les séquences vidéos créent parfois une légère distance entre les acteurs pour mieux nous replonger dans leur corps à corps endiablé. Le spectateur attentif, incertain, amusé, souvent touché, s’attache à ces êtres plongés dans une situation improbable mais criante de vérité : leurs peurs et faiblesses sont finalement un peu celles de chacun d’entre nous. »
Julien Ciamaca – Théâtre Online – 23 avril 2003
« Après le succès de Bash, cette dernière pièce de Neil LaBute écrite en décembre 2002, nous dévoile une nouvelle fois des personnages hors du commun, sans aucune moralité et prêts à commettre les actes les plus extrêmes pour parvenir à leur fin. Ici, la traditionnelle image du héros américain qui meurt pour la bonne cause laisse la place à celle d’un être lâche et vivant. Comme si l’auteur s’amusait à nous bousculer en reniant les clichés. Le décor reste épuré à l’extrême: deux fauteuils avec, en arrière plan, l’épais nuage de poussière qui recouvre New York. »
Olivier Billaud – Theatrothèque.com – 21 avril 2003
Bobby Fischer vit à Pasadena / Lars Norén
Théâtre de L’Opprimé 2002
Presse / Myra – Rémi Fort / Myra.fr
Extraits de presse
« Il y a des pièces, ça ne s’explique pas, qui vous happent d’entrée ; Le miroir que tend le suédois Lars Norén au début de Bobby Fischer vit à Pasadena est du genre diabolique : à peine assis, hop, vous voilà de l’autre côté ; en enfer… Et quand son écriture rencontre un metteur en scène capable de plonger au texte plutôt que de faire des moulinets autour, le résultat est dévastateur. Claude Baqué, qui monte la pièce au Théâtre de l’Opprimé, a le cœur bien accroché, et ses comédiens (Geneviève Esménard, Isabelle Habiague, Alexis Nitzer, Nicolas Struve) encore plus… Dans la petite salle de l’Opprimé, les spectateurs, placés tout près des acteurs, se trouvent au cœur d’une action irrespirable. La lumière est basse, les comédiens jouent tellement justes qu’ils en deviennent irréels, on baigne dans un cauchemar très éloigné de la vulgarité d’un reality show. K.O à l’entracte, on y retourne, comme hypnotisé par les coups. Décidément maléfique, la pièce trouve le moyen, dans sa deuxième partie, d’être drôle. Vous avez dit théâtre à l’estomac ? Toute résistance est inutile. Norén est le plus fort.
René Solis – Libération – 24 mars 2002
« Lars Norén montre avec ce Bobby Fischer vit à Pasadena un sens subtil des dialogues et de la dramaturgie. Car cette pièce est une bombe. La mise en scène de Claude Baqué gère les situations avec beaucoup de finesse et un doigt d’humour salvateur dans la tension. Les comédiens sont tous remarquables, gardant toujours la retenue nécessaire, avec une mention spéciale à Nicolas Struve qui interprète avec une grande précision le personnage du fils schizophrène. »
Hugues Le Tanneur – Aden/Le Monde – 4 avril 2002
« Quand ils déboulent en tenue de soirée dans le salon de cet appartement bourgeois-intello, les quatre personnages de Bobby Fischer vit à Pasadena, pièce du Suédois Lars Norén, reviennent du théâtre. En parlent. Avec excitation. Surtout la mère. Dans sa logorrhée mondaine, on comprend vite qu’elle en fut de cette famille du théâtre. A la fin des quatre actes, les mêmes paraîtront dans une lumière d’un blanc clinique, l’image d’un univers quasi psychiatrique. Que s’est-il passé entre-temps ? Beaucoup de choses, beaucoup de dits et non-dits dans cette famille d’écorchés. Et l’on s’accroche très vite à leur histoire grâce à une mise en scène d’une rare efficacité. Grâce au jeu exemplaire des quatre comédiens. Les échecs qui affleurent de ce magma familial bousculent le spectateur. (…) Rien de sordide dans tout cela. L’humour, à défaut d’amour, n’est jamais loin. Juste un chassé-croisé entre faux-semblants et blessures indélébiles. Beau travail. »
Jean-Pierre Bourcier – La Tribune – 4 avril 2002
« De même que Jon Fosse, son voisin norvégien (mais dans un style différent !), Lars Noren est passé maître dans l’art de faire entendre ce qui ne se dit pas, ce qui ne s’avoue jamais à soi comme aux autres – blessures secrètes, douleurs cachées, désirs refoulés, rancœurs rentrées… enfermés depuis longtemps sous la double chape de la bonne conscience et du contentement de soi. Usant de la psychanalyse comme de la critique sociale, ce sont ces vérités qu’il fait remonter à la surface au fil d’une écriture qui gratte où ça fait mal, taille dans la chair. Metteur en scène, Claude Baqué a créé cette pièce en France au début du mois de mars. C’était à Mayenne. Il reprend ce spectacle pour quelques jours encore à Paris, dans un théâtre «alternatif» (et essentiel!) : le Théâtre de l’Opprimé. Il serait dommage qu’il ne soit pas représenté par la suite ailleurs. C’est qu’ici tout n’est qu’évidence, simplicité savante -du décor (un salon chic, sans chichis ) aux déplacements et au jeu des comédiens (ces «adultes qui font semblant, qui parlent et tournent en rond», comme l’affirme une réplique!). Un air de rien, ils font éclater le vernis des bonnes manières comme des bons (ou mauvais) sentiments pour conduire jusqu’au plus profond désarroi d’être. »
Didier Méreuze – La Croix – 5 avril 2002
« Bobby Fischer vit à Pasadena, en fait un titre écran, qui ne dévoile pas l’histoire ; et l’histoire on va la découvrir petit à petit, puisqu’au début on voit une famille rentrer chez elle, après avoir vu une pièce de théâtre un peu trouble. On voit un père chef d’entreprise, une mère, une fille, un fils. Des gens normaux, bourgeois, comme il faut. Et puis petit à petit on entre dans les liens intimes, les secrets. Et on découvre un père absent, caché dans les soucis de son travail, une mère étonnante d’hypocrisie, qui met en scène ses sentiments, qui a dû renoncer à sa carrière d’actrice pour être mère et femme d’un homme avec qui elle ne couche pas depuis dix-sept ans. On découvre une fille alcoolique, un fils psychotique qui à trente ans vient juste de sortir de l’hôpital. On découvre les fils qui les relient les uns avec les autres, et aussi le vide qui passe entre eux. On découvre comment on fait semblant de vivre, dans une belle maison, avec aussi une maison à la campagne, un voyage à l’étranger programmé pour Noël. On voit, on croit voir une famille, et on voit la carcasse de cette famille. Tout passe à travers les mots de Lars Norén, la tension est constante, le décor est minimaliste, les gestes, les déplacements sur scène aussi. Les comédiens arrivent à faire exister la tension du début jusqu’à la fin. Ils sont étonnants : tout dégringole en finesse, et tout semble tellement vrai. »
Monica Fontini – France Culture – 16 mars 2002
Abîme aujourd’hui la ville / François Bon
Théâtre du Chien qui fume 2000
Extraits de presse
« Quelle représentation possible de la misère sociale au théâtre qui évite le voyeurisme, le pathos ou la démonstration bien pensante. La réponse est délicate et bien peu se risquent dans ce domaine. À partir d’un travail de François Bon auprès des sans-abri à Nancy, Claude Baqué a composé un spectacle d’une égale intégrité morale. Trois comédiens, Annie Mercier, Thierry Mettetal et Claude Baqué lui-même, dont le jeu fuit tout pittoresque malsain, font entendre, par bribes, les paroles de ces « marginaux » dont les portraits par Jérôme Schlomoff sont projetés sur un écran. Le dispositif scénique, comme les lumières de Matthieu Ferry sont sobres et beaux, une exigence qui signifie ici respect pour ceux dont on rapporte la souffrance. En la matière la question des moyens est essentielle et si cet Abîme aujourd’hui la ville n’épuise évidemment pas le débat, il lui donne une réponse convaincante et digne. On touche-là, au-delà de la circonstance de destins détruits, à des vérités humaines dont le partage est universel.
Jean-Pierre Siméon – L’Humanité – 24 juillet 2000
« Un spectacle sur les SDF ? Ça fait peur. Peur de se retrouver voyeur de la misère, peur du misérabilisme ou d’un discours politico-moralisateur. Claude Baqué a évité tous ces pièges, tout comme les avait évités François Bon dans son écriture. Ou plutôt celle des hommes et femmes de la rue qu’il a rencontrés. Qui ont accepté de lui donner leur parole ou leur silence. Qui ont accepté de donner leur visage à Jérôme Schlomoff pour d’immenses portrais projetés pendant la représentation. Annie Mercier regarde, les portraits. « Celui qui a perdu un œil, il dit… ». Ce sont leurs mots à eux qu’elle prononce avec retenue, avec respect. Parfois, elle se laisse aller « tous les jours, il y a un mot où le mort habite ». Fantôme du château, Thierry Mettetal diffuse une sorte de sérénité tragique, celle des archanges de la mort. De la forme blanche si souvent recroquevillée— à’, l’ombre noire géante sur’ l’écran, ‘sa’ voix si douce égrène: « J’en ai rien à foudre de la vie ». Le travail des lumières de Matthieu Ferry est un écho respectueux des mots. Des non-dits. Qu’il y a de grandeur au fond de cet abîme lorsqu’on s’y penche avec respect et pudeur. »
Mitzi Gerber – Le Dauphiné Libéré – 23 juillet 2000
« Des chaises parsemées sur un grand plateau presque vide. Au centre, un écran immense. Des photos noir et blanc de visages en gros plan s’y succèdent et alternent avec l’ombre projetée d’un personnage lunaire -Thierry Mettetal- qui raconte à la 1ère personne, quand les accents profonds et chauds d’Annie Mercier parlent à la 3ème. – – Ponctuellement, très fort, Johnny Hallyday. Les visages ont un nom, pas d’adresse, la misère de leur vie déborde sur les rives douloureuses d’une conscience collective bridée. Ce spectacle puissant et généreux justifie la légitimité de toute existence, restaure l’identité oubliée. L’humain réhabilite l’humain. Bravo à Acte Deux, François Bon, Claude Baqué, Jérôme Schlomoff. »
Natache Badia – La Provence – 30 juillet 2000
« En 1995, à l’invitation du metteur en scène Charles Tordjman, le romancier François Bon s’associait à la vie du théâtre de la Manufacture à Nancy et animait un atelier d’écriture ouvert aux sans-abri. De cette expérience, sont nés plusieurs ouvrages, notamment La Douceur dans l’abîme (éd. de la Nuée Bleue, 1999) réalisé avec le photographe Jérôme Schlomoff, qui met en vis à vis les visages cadrés serrés et les mots nés de l’atelier.
Rencontre singulière. A sa manière si particulière (ni roman, ni témoignage), l’auteur s’était emparé de leur parole pour écrire avec ses propres mots. Plus tard, les textes avaient été restitués à ceux qui les ont inspirés, par des acteurs, sous la forme d’une lecture mise en espace avec les photos projetées, dans la cantine d’un centre social de Nancy. La comédienne Annie Mercier – qui avait déjà travaillé avec François Bon pour Vie de Myriam C – était à ce rendez-vous unique. Des larmes avaient coulé des deux côtés.
Aujourd’hui, dans le off d’Avignon, le metteur en scène Claude Baqué s’inspire de cette rencontre singulière pour faire entendre ces paroles d’exclus, sur scène cette fois, avec la même Annie Mercier et un jeune acteur, Thierry Mettetal.
Sur le plateau, deux chaises et un écran. La femme à la voix rauque parle, elle est la voix qui dit «il» devant les visages projetés (des hommes pour la plupart), entre distance et sympathie; comme si les souvenirs de ces existences croisées brièvement remontaient en elle peu à peu. Patrick, Pôm, le petit Lambert et celui à l’«œil blanc», une petite larme bleue tatouée juste en dessous pour en pleurer toujours la perte.
Souffrance calme. Par contraste, le jeune homme endosse le «Je», son ombre portée sur l’écran vide: le ton n’est ni théâtral, ni démonstratif, mais davantage impliqué, nourri de désespoir ou de cynisme, digne, le regard brillant d’une souffrance calme. Le crâne rasé, le corps vêtu de blanc, neutre, pour qu’il n’y ait rien d’autres que les mots. Elle est la narratrice toujours en scène, il apparaît par intermittence. Loin de tout réalisme, la mise en scène a su rester discrète. Un train traverse l’espace sonore, on songe à celui que François Bon a pris chaque jeudi en direction de Nancy pendant plusieurs mois et dont il a retracé le chemin dans Paysage fer (Verdier).
Dans leurs phrases scandées de «il dit», on retrouve aussi trace de ceux dont la mort a déclenché après coup J’écriture d’une pièce de théâtre, Bruit, bientôt créée par Tordjman à Nancy: la jeune femme qui avait un soleil dessiné sur la peau, retrouvée inerte au petit matin dans son sac de couchage et l’autre, l’homme qui a disparu dans les eaux en crue sans que personne ne sache si on l’avait poussé ou s’y était jeté. Au terme d’une heure de cette étrange traversée, une phrase résonne longtemps: «On ne sait plus dire, y compris pour soi-même autrement que on.»
Maïa Bouteillet – Libération – 26 juillet 2000
«Ce texte de François Bon est magnifiquement interprété. Le sujet sur les SDF est complètement sublimé et il y a une recherche très pure sur les lignes. J’ai été bouleversé par ce spectacle.»
Robin Frédéric – La Lettre du pectacle – 18 juillet 2000
Le Misanthrope / Molière
Centre Culturel Français de Beyrouth 1992
Extraits de presse
Les acteurs sont impeccables. La mise en scène de Claude Baqué est sobre et sans entorse aux normes conventionnelles, sauf peut-être Célimène, s’étalant si librement à même les planches de la scène. On imagine mal pareille posture si les costumes avaient une rigueur plus Grand Siècle. Mais arborant des robes longues moulées et fendues comme pour une soirée de gala, les actrices montraient toute l’actualité et l’universalité des thèmes et du langage de Molière. Quant aux rubans et aux jabots des petits marquis et autres comparses, les costumes nous les rendaient tout aussi proches par ces pantalons fuseaux en cuir serrés dans des bottes à la hussarde.
Le décor composé de quelques panneaux, où se profile en enfilade un péristyle de colonnades comme une vague et futuriste construction « beaubourienne » donne une atmosphère originale et modernisée à cet affrontement qui dénonce nos travers sans jamais peut-être les corriger sur une scène absolument nue hormis deux tabourets bleus !
Avec « Le Misanthrope », on retrouve toute la finesse et l’élégance de l’esprit français. On reste dans un classicisme certes de grande qualité mais bien rigoureux et austère. Les étudiants y trouveront leur compte. Le grand public peut-être un peu moins.
Edgar DAVIDIAN L’Orient Le Jour 15 février 192
« Le théâtre permet de franchir cette frontière factice entre le monde visible et le monde intérieur qui est le piège du réalisme. Il convient pour cela de déréaliser l’univers de la pièce », écrit Claude Baqué. Jouer pour rendre visible le monde intérieur, jouer le monde intérieur et donner au spectateur l’impression que l’on y joue : Molière en faisant rire savait mener à ce dedans qu’un certain théâtre a voulu ramener au dehors en réduisant l’essentiel à l’absurde de l’apparence. Baqué poursuit : « Le constat est amer, mais Molière ne se répand pas. Il se contente de faire jouer, dans la grande rigueur d’une forme classique, les forces de la gravitation entre les êtres, jusqu’à l’implosion ; l’univers sonore rendra cette douleur contenue … » Parler d’implosion au niveau du théâtre pari et ambition que le groupe Acte II a voulu et su en bonne partie réaliser.
[…] L’affrontement résultant de l’antagonisme des natures de Célimène et d’Alceste devient comique du fait que l’amour les a réunis dans leur différence. L’autre face de ce comique est-elle autre chose que le tragique ? Alceste rend ses ennemis plus méchants encore, mais pas nécessairement hypocrites. Ils sont surtout entraînés par leurs accusations et calomnies. Couleurs sombres. Couleurs du dedans d’où fuse un rire qui grince, que seul un jeu souple et créateur saisit sur le vif. Complexité de Molière, complexité d’Alceste, l’autre et le double. Marzin n’incarne peut -être pas l’Alceste le plus risible, le plus visible mais celui que jouait Molière avant même d ‘avoir écrit « Le Misanthrope ».
Simplicité du décor, pénombre discrète recueillie devant l’autre discrétion : celle du jeu. Alceste se dresse, il dresse son amertume sur fond de néant, dialoguant plus avec sa propre angoisse qu’avec Célimène, Arsinoé ou Philinte. En filigrane, se profile tristement, avec un certain pathétique, la caricature de Molière par lui-même.
Abdallah AZAR La Revue du Liban 2 février 1992